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Serge Gainsbourg




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Serge Gainsbourg Album


Histoire de Melody Nelson (1971)
1971
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
. . .


Les ailes de la Rolls effleuraient des pylônes
Quand m'étant malgré moi égaré
Nous arrivâmes ma Rolls et moi dans une zone
Dangereuse, un endroit isolé

Là-bas, sur le capot de cette Silver Ghost
De dix-neuf cent dix s'avance en éclaireur
La Vénus d'argent du radiateur
Dont les voiles légers volent aux avant-postes

Hautaine, dédaigneuse, tandis que hurle le poste
De radio couvrant le silence du moteur
Elle fixe l'horizon et l'esprit ailleurs
Semble tout ignorer des trottoirs que j'accoste

Ruelles, culs-de-sac aux stationnements
Interdits par la loi, le cœur indifférent
Elle tient le mors de mes vingt-six chevaux-vapeurs

Prince des ténèbres, archange maudit,
Amazone modern' style que le sculpteur,
En anglais, surnomma Spirit of Ecstasy

Ainsi je déconnais avant que je ne perde
Le contrôle de la Rolls. J'avançais lentement
Ma voiture dériva et un heurt violent
Me tira soudain de ma rêverie. Merde !

J'aperçus une roue de vélo à l'avant,
Qui continuait de rouler en roue libre,
Et comme une poupée qui perdait l'équilibre
La jupe retroussée sur ses pantalons blancs

« Tu t'appelles comment ?
— Melody.
— Melody comment ?
— Melody Nelson. »

Melody Nelson a des cheveux rouges
Et c'est leur couleur naturelle

. . .


Ça, c'est l'histoire
De Melody Nelson
Qu'à part moi-même personne
N'a jamais pris dans ses bras
Ça vous étonne
Mais c'est comme ça

Elle avait de l'amour
Pauvre Melody Nelson
Ouais, elle en avait des tonnes
Mais ses jours étaient comptés
Quatorze automnes
Et quinze étés

Un petit animal
Que cette Melody Nelson
Une adorable garçonne
Et si délicieuse enfant
Que je n'ai con-
Nue qu'un instant

Oh ! Ma Melody
Ma Melody Nelson
Aimable petite conne
Tu étais la condition
Sine qua non
De ma raison

. . .


Le soleil est rare
Et le bonheur aussi
L'amour s'égare
Au long de la vie

Le soleil est rare
Et le bonheur aussi
Mais tout bouge
Au bras de Melody

Les murs d'enceinte
Du labyrinthe
S'entrouvrent sur
L'infini

. . .


Ah, Melody
Tu m'en auras fait faire des conneries
Et hue et ho
À dada sur mon dos
Oh, Melody
L'amour tu ne sais pas ce que c'est
Tu me l'as dit
Mais tout ce que tu dis est-il vrai ?

Ah, Melody
Tu m'en auras fait faire des conneries
Et hue et ho
À dada sur mon dos
Oh, Melody
Si tu m'as menti j'en ferai
Une maladie
Je n'sais pas ce que je ferai

. . .


Au cinquante-six, sept, huit, peu importe
De la rue X, si vous frappez à la porte
D'abord un coup, et puis trois autres, on vous laisse entrer
Seul et parfois même accompagné.

Une servante, sans vous dire un mot, vous précède
Des escaliers, des couloirs sans fin se succèdent
Décorés de bronzes baroques, d'anges dorés,
D'Aphrodites et de Salomés.

S'il est libre, dites que vous voulez le quarante-quatre
C'est la chambre qu'ils appellent ici de Cléopâtre
Dont les colonnes du lit de style rococo
Sont des nègres portant des flambeaux.

Entre ces esclaves nus taillés dans l'ébène
Qui seront les témoins muets de cette scène
Tandis que là-haut un miroir nous réfléchit,
Lentement j'enlace Melody

. . .


Melody voulut revoir le ciel de Sunderland.
Elle prit le sept cent sept, l'avion cargo de nuit.
Mais le pilote automatique aux commandes
De l'appareil fit une erreur fatale à Melody.

. . .


Je sais, moi, des sorciers qui invoquent les jets
Dans la jungle de Nouvelle-Guinée.
Ils scrutent le zénith, convoitant les guinées
Que leur rapporterait le pillage du fret.

Sur la mer de corail, au passage de cet
Appareil, ces créatures non dénuées
De raison, ces papous, attendent des nuées
L'avarie du Viscount et celle du Comet.

Et comme leur totem n'a jamais pu abattre
À leurs pieds ni Boeing, ni même D. C. quatre,
Ils rêvent de hijacks et d'accidents d'oiseaux.

Ces naufrageurs naïfs, armés de sarbacanes,
Qui sacrifient ainsi au culte du cargo
En soufflant vers l'azur et les aéroplanes.

Où es-tu Melody, et ton corps disloqué
Hante-t-il l'archipel que peuplent les sirènes ?
Ou bien, accrochée au cargo dont la sirène
D'alarme s'est tue, es-tu restée ?

Au hasard des courants, as-tu déjà touché
Ces lumineux coraux des côtes guinéennes,
Où s'agitent en vain ces sorciers indigènes
Qui espèrent encore des avions brisés ?

N'ayant plus rien à perdre, ni Dieu en qui croire
Afin qu'il me rende mes amours dérisoires
Moi, comme eux, j'ai prié les cargos de la nuit.

Et je garde cette espérance d'un désastre
Aérien qui me ramènerait Melody
Mineure détournée de l'attraction des astres.

« Tu t'appelles comment ?
— Melody.
— Melody comment ?
— Melody Nelson. »

. . .


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