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Lynda Lemay




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Lynda Lemay Album



2008
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Comme un rayon dans un tunnel,
Une étincelle dans l'horizon,
Y avait ma vie, j'y arrivais
La voix d' ma mère a résonné
comme un tonnerre de temps mauvais
Maman savait qu' j'allais m'échouer
Un peu comme une étoile de mer
Sous une lueur de lune au fond des yeux,
Les yeux d' mon père

À ma façon, j'ai dit "Allo !
C'est moi, j'ai froid, tenez-moi chaud"
Je grelottais, comme ma grand-mère
Qui voulait m' prendre la première
On s'est réjoui de mes sanglots
J'étais en vie j'étais en larmes et puis bravo

Dans de la ouate et du velours,
A quatre pattes, j'ai fait mille tours
D'une maison remplie d'amour
Mais sous mes draps, les soirs d'orage,
J' voulais voir mon papa, j' poussais des cris
J' manquais d' courage

C' que j'aurais dû faire l'autruche
Et faire confiance à ma peluche
Et savoir que la nuit est douce
Tant qu'on étreint son vieux nounours !
C' que j'aurais dû fermer ma gueule
Puisque la nuit, même en famille, on est tout seul !

Beaucoup plus tard, sous la lueur
D'un grand espoir,
j'ai vu ton cœur s'ouvrir à moi,
On n'peut plus large
On s'est aimés à toute allure
comme des fusées mais dans l'azur
On s'est échoués sur un nuage
Un seul orage a tout fichu en l'air
Et c'est en un éclair
Que tout bêtement, on s'est perdus

C' que j'aurais dû fermer ma gueule
Fermer mon cœur avant qu'tu veuilles
En sortir ! Fermer le cercueil
De notre amour avant de le voir mourir
C' que j'aurais donc dû être plus sage
Et m' contenter du p'tit nuage

Tu étais là et tu m'aimais
J' sais pas pourquoi mais j'en doutais
Tu étais là, t'étais mon homme
Un pas parfait, un qui déconne
C' que j'aurais dû faire l'autruche
Et te serrer comme il se doit,
Comme une peluche

Pendant des mois, j'ai bien tenté
De faire le deuil de notre histoire
De mettre une croix sur ma mémoire
Mais l' téléphone sonnait plus gras
Que les églises et leurs vieux glas
Quand tu m'appelais et chaque fois
Qu' j' voyais ton nom sur l'afficheur
J' restais là jusqu'au son du répondeur
Qui me répétait

"Allo, c'est moi, allez, réponds !
Je sais qu' t'es là à la maison
J'ai le cœur froid, j'ai le cœur gros,
Ne veux-tu pas le tenir chaud ?"
J' restais assise sur mon courage,
L'orgueil noué dans l'œsophage
Et j'écoutais

"Allo, c'est moi, allez, réponds !
Si j' t'ai fait mal j' te d'mande pardon"
Tu disais tout ce qu'il fallait
Pour que j' te parle, mais j' l'ai pas fait
J' me repliais sur mes bobos
j'étais en vie, j'étais en larmes et puis bravo

"Allo, c'est moi, j' voudrais que tu m' donnes,
Je t'en supplie, une deuxième chance
Allo, c'est moi ! Prends l' téléphone,
T'as qu'à dire oui et on r'commence"
Mais l' téléphone, un jour de pluie,
Il a changé sa douce sonnerie en silence

Y a des rayons sur tes rideaux,
Comme des éclairs de temps trop chaud
J' crois que c'est ta télévision, cette lueur
Dans la fenêtre de ta demeure
Où t'es peut-être en pyjama
Devant un film d'action

Ça fait tant d' lunes que j' me retiens,
Peut-être bien par orgueil ou par rancune
Ou par chagrin
Voilà que je sonne et l' carillon
Gronde et résonne comme un tonnerre
Moi, je suis là sur ton balcon
En train d' vibrer comme une grand-mère
Je crie "Allo ! Est-ce que t'es là ?
J'ai tellement froid, j'ai le cœur gros,
Me revoilà"

Je reste là, comme une idiote,
J'entends des pas derrière la porte
J' recule un brin, j' vois ta fenêtre qui s'éteint
Et je sanglote
Oui, le message est assez clair,
Il est trop tard et j'ai l'espoir comme un désert

Au fond ne devrait-on pas tous,
Par temps d'orage, faire l'autruche ?
Maintenant, la nuit me fout la frousse
Et j'ai jeté toutes mes peluches

J' prends mon portable, je signale
J'entends "Viens-t'en ma p'tite étoile"
Et, l' cœur en sable, je dis "J'arrive"
Je sais pas trop comment ça s' fait
Qu'encore une fois maman savait
Qu' j'allais m'échouer sur sa vieille rive

Alors, bien entendu, je viens
Alors, bien entendu, j'accours
Bientôt, je frappe de mon p'tit poing
La belle maison remplie d'amour
Et je marmonne "Allo, c'est moi",
j'ai comme des caillots dans la voix
C'est d'jà ouvert

Maman m' prépare un repas chaud
Et j' vois papa dans son fauteuil
Y m' regarde sans me dire un mot,
Une lueur de lune au fond de l'œil
Du vestibule où j'étudie
Ce gros silence qu'ils ont construit
Et j' les envie !

Y sont pas de ceux qui s'en veulent
Y vont se rendre au bout d' leur vie
En sachant bien fermer leurs gueules
Se t'nir la main, les jours de pluie
Et y font ça pour être tranquilles,
Pour être ensemble, pour leur fille
Même si la nuit, même en famille,
On est tout seul !


. . .


J'ai pris le grand couteau à viande
Qui reposait sur le comptoir
Entre un flacon de coriandre
Et un autre de poivre noir

J'avais préparé un souper
T'en aurais pas cru tes papilles
Mais lorsque minuit a sonné
Tu étais encore invisible

Je suis sortie, ainsi armée
Nos deux bouteilles de vin dans l' corps
Je les ai bues à ta santé
Maintenant, j' les digère à ta mort !

J'ai essayé ton cellulaire
C'était toujours le répondeur
J'ai même essayé chez ta mère
Chez tes copains puis chez ta sœur

Maintenant, j' me rends à la brasserie
La vieille baraque au bord du lac
Voir si c'est là que tu m'oublies
Et j'ai mis l' couteau dans mon sac

Sur le trajet, j' t'appelle encore
Mais plus j' t'appelle et moins t'es là
Moins ça répond et plus j' crie fort
Je sens la rage qui monte en moi

Je me stationne tout d' travers
Je cherche ton camion du regard
Je croise deux de tes compères
Y disent qu'y t'ont pas vu ce soir

Alors, en route pour le village
J' m'en vais t' coincer à ton adresse
J' vois dans ma tête comme une image
T' es pas tout seul et t' es nu-fesses

Dire que y a ton souper dans l' fourneau
Qu'est calciné comme mon orgueil
Dire que ça sentait bon tantôt
La coriandre et le cerfeuil

J' suis pas un ange, j' suis pas à jeun
Mais j' mérite pas qu'on s' paie ma gueule
S'y faut qu' j' te retrouve avec quelqu'un
Alors qu' tu m'as laissée toute seule

Je sais que j' vais mal réagir
Mais j'ai comme une curiosité
Que j'ai comme pas l' choix d'assouvir
C'est une foutue nécessité

Appartement quatre cent douze
j' colle mon oreille sur ta porte
Ça sent le fort et la partouze
J'ai plus d' contrôle et je m'emporte

À grands coups d' pied, j'essaie d'ouvrir
T'as dû fermer avec un meuble
Je gueule, je cogne et je vois v'nir
Le vieux concierge de l'immeuble

Y veut qu' j' me calme et il m'attrape
Y me conseille de me contenir
Alors j' lui fous un grand coup d' sac
Et j' vois son cou s' mettre à rougir

Ça doit être toi, mon écœurant,
Qu' a signalé le neuf un un
Parce qu'en deux temps et trois mouvements
La police a r'trouvé l' défunt

C'est sûr que j' m'en vais en prison
J'ai pas d' remords, j' suis une jalouse
J' suis sûre que l' concierge est un con
Qu'allait te r'joindre dans ta partouze !


. . .


J'en parle pas trop dans mes chansons
Parce que l'amour, c'est dangereux
Mais comme t'es pas mon amoureux
Et qu' notre amour est pour de bon

Comme y a ce respect entre nous deux
Qu'on n' trouve jamais que dans l'amour
Qu'on ne consomme que par les yeux
Au fil d'un long, très long parcours

Je t'aime jusqu'à quand on s'ra vieux
De toute mon admiration
C'est d' l'amitié mais comme en mieux
C'est de l'amour en plus profond

Y a pas de noces dans nos voyages
Y a pas de gosses dans nos projets
Car nos enfants, ce sont des pages
Où c'est la poésie qui naît

J'en parle pas trop dans mes chansons
Parce que toutes les histoires d'amour
C'est vrai qu' ça donne des frissons
Et ça n' se conte qu'à rebours

Alors que quand sur toi je compte
J'en suis tout d' suite à des millions
Sans avoir peur que tu me trompes
Sans t' soupçonner de soustractions

En t'écrivant, ben, j' me rends compte
Que j' t'ai donné ce que j'ai d' plus rare
C'est ma confiance et j' te la montre
Alors qu' même moi, j' peux pas la voir

J'en parle pas trop dans mes chansons
Car la confiance, c'est vulnérable
Mais comme t'es pas mon compagnon
Et qu' notre union est franche et stable

Parce que je sais qu' t'es un homme bon
Et que j'ai rien à t' pardonner
Puisque tout s' passe de pardon
Quand on s'en tient à l'amitié

Eh ben, j' t'écris cette ritournelle
Qui est presque une chanson d'amour
Mais en plus inconditionnel
En moins tordu et en moins lourd

C'est ni brûlant ni passionnel
C'est terre à terre mais Dieu qu' c'est rare !
T'es mon mentor, j' suis ta fidèle
Je te vénère, mon Gérard

Tu crois peut-être pas fort au Ciel
Mais moi qui ai tant besoin d'y croire
J' crois qu' le Ciel a ton regard
Et qu' notre histoire est éternelle


. . .


Dans mon pays, y a un printemps plus beau que n'importe quel autre
Dans mon pays, cordes au vent, il y a tout plein d'enfants qui sautent
Y a des hivers plus longs que les étés sont verts
Dans mon pays, les étés meurent dans des montagnes de couleurs

Dans mon pays, y a du soleil qui se regarde dans la glace
Dans mon pays, y a des merveilles de patinoires sur les lacs
Y a de l'espace, assez pour s'y perdre toujours
Dans mon pays, au bout de chaque appel à l'aide, y a du secours

Dans mon pays, y a des familles qui éclatent par-ci par-là
Dans mon pays, quand les yeux brillent, ça veut pas dire que c'est de joie
Dans mon pays, y a pas de guerre et puis y a pas d' bombardements
Mais mon pays, c' quand même sur Terre, pis bon, la Terre, c' pas l' firmament

Dans mon pays, y a l'horizon qui est juste un peu plus long qu'ailleurs
Dans mon pays, y a d' la passion et plein d' chanteuses et plein d' chanteurs
On est tous riches de ne pas se prendre au sérieux
Dans mon pays, sur un qui triche, y a mille bons cœurs respectueux

Dans mon pays, y a un drapeau qui ne s'arrête pas de fleurir
On est si bleus, on est si beaux que nul ne peut nous faire rougir
On voit si grand que l'Univers est notre Dieu
Dans mon pays, c'est important qu' le bout du monde soit heureux

Dans mon pays, y a des maisons où, comme ailleurs, y a d' la chamaille
Dans mon pays, y a des poupons nés dans la peur et sur la paille
Dans mon pays, y a d' l'injustice mais faut s' rappeler qu'y en a bien peu
Parce que mon pays, sur la liste des pays, c'est le plus bleu, le plus bleu

Dans mon pays, on parle français avec des perles d'anglicismes
Dans mon pays, c'est vrai, l'anglais déferle en nous avec délice
Y a qu'à s' parler pour se comprendre, c'est logique
De mon pays, on peut voler jusqu'en Irlande ou en Afrique

De mon pays, j'ai dû sortir pour réaliser à quel point
Ben, mon pays, c'est mon avenir, c'est mon début et c'est ma fin
Dans mon pays, on a des rêves parfois trop gros, jamais trop bleus
Dans mon pays, bien sûr, on crève parfois trop tôt, jamais trop vieux

Dans mon pays, l'érable pleure un petit sirop savoureux
Y a des valeurs bien implantées par nos aïeux
Les noms qu'on signe dans mon pays, on les souligne de trois bisous
Un peu comme aux États-Unis, mais les p'tites croix sont bien d' chez nous

Si vous venez dans mon pays
Vous en ressortirez tout bleu
Et puis malgré c 'que Madame dit
Nous, d' la visite, ben on en veut !

{Chœurs:}
Pour un instant, j'ai oublié mon nom
Moi, mes souliers ont beaucoup voyagé
Moi, mes souliers ont beaucoup voyagé
Je reviendrai à Montréal
Je reviendrai à Montréal
Chanter comme une bête pour me garder vivante
C'est toi que j'aime
Chanter à tue-tête c' que j'avais dans l' ventre
Et les crapauds chantent la liberté
Mon pays, ce n'est pas un pays c'est l'hiver
Mon pays, ce n'est pas un pays
Pour un instant, j'ai oublié mon nom
C't' à mon tour d'ouvrir la maison chez nous
Liberté
Aimons-nous quand même
Gens du pays, c'est votre tour de vous laisser parler d'amour
Gens du pays, c'est votre tour de vous laisser parler d'amour
J'aurais voulu être un artiste
C'est toi que j'aime
La vie en rose, je n'ai pas besoin de grand chose
Aimons-nous quand même
J'aurais voulu être un artiste
Chanter à tue-tête c' que j'avais dans l' ventre
Chanter comme une bête pour me garder vivante

. . .


Bonjour, j' m'appelle Anne, j' voulais juste vous écrire
Mais la main d' la femme qui va t'nir le stylo
C'est celle de Joane, une personne que j'admire
Et qui va tenter d' me traduire comme il faut

Voyez-vous, Joane, elle est pas d' mon troupeau
Mais elle s'intéresse à ce qui s' passe dans ma peau
J' lui rappelle son frère qui a quitté plus tôt qu' moi
Son corps de misère et sa chaise de combat

J' vous vois qui toussez pour camoufler vos rires
Quand j'essaie d' parler et qu' je n' sais que gémir
Quand la main qu' j' vous tends, elle veut pas m'obéir
Et que tristement, j' la r'garde aller et v'nir

N'importe quel détail de la vie quotidienne
Qu' ce soit l' téléphone, les toilettes ou manger
C'est tellement d' travail que ça vaut pas la peine
On finit par vivre entouré d'étrangers

Y en a qui sont là pour gagner leur salaire
Qui poussent nos chaises, nous habillent, nous nettoient
Par chance qu'y a Joane qui est gentille comme une mère
Qu'on dirait qu'elle m'aime et qu'elle est fière de moi

Elle verse quelques larmes quelquefois, à ma place
Quand y a une belle âme qui veut bien s'attarder
Qu'a l'air de comprendre que sous ma carapace
Y a des idées franches et un cœur à aimer

Comme vous, j'ai d' l'humour, mais j' l'exprime autrement
C'est juste que mes rires peuvent sonner comme des cris
J' contrôle pas l' volume de mes longs gémissements
Quand, au cinéma, je m'offre une comédie

Je vois toutes ces têtes devant moi qui s' retournent
J' voudrais disparaître mais je suis tellement là
Un chien dans l' jeu d' quilles, un humain qui aboie
C' toujours à l'horreur que les comédies tournent

Comme vous, j' suis émue d'vant un enfant qui pleure
Comme vous, j' suis déçue quand j'écoute les nouvelles
J' me lève soit de bonne ou de mauvaise humeur
J' suis pas différente en dedans d' ma cervelle

Mais puisque c'est "cérébrale" qu'on la nomme
Cette paralysie qui est ma tache de naissance
Les gens ne m' traitent pas vraiment comme une personne
Y croient que j'ai mal à mon intelligence

Y m' parlent comme on parle à un chat, à une bête
Un peu comme y font avec les vieux séniles
Ce qu'y comprennent pas, c'est que j'ai toute ma tête
Alors que mon corps se tord comme un débile

Des tas d' gens oublient qu'y pourraient m' trouver belle
Si j'étais capable de ret'nir mes grimaces
Alors j' m'interdis d' rêver à grande échelle
J'ai que des p'tits souhaits étouffés par mes spasmes

Eh oui, j' m'appelle Anne, j' voulais juste vous écrire
Merci à Joane d'avoir lu mes pensées
Et d'avoir pour moi bien voulu les r'transcrire
Pour que j' puisse enfin à vous tous me confier

Bien sûr, j' m'attends pas à ce que cette petite lettre
Ne trouve de réponse, à l'exception, peut-être,
De quelques regards qui me perceront mieux
Un petit espoir d'être belle à vos yeux

Des tas d' gens oublient qu'y pourraient m' trouver belle
Y font des détours, ils ont peur de ma gueule
Des tas d' gens oublient, alors moi, j' vous l' rappelle
Je suis là, j'existe ! Ne m' laissez pas toute seule !

. . .


Je sais bien qu'y faut pas bouger, faut pas s' mettre à sauter partout
Faut pas s' mettre à gesticuler quand il y a un dard au garde-à-vous
Faut faire semblant qu'on l'a pas vu, c'est c' que nous disent nos grand-mères
Faut se transformer en statue quand ça attaque par derrière

Alors moi, j'en ai laissé un m' tourner autour sans réagir
Il a tourné comme un vautour, j' suis restée là au lieu d' m'enfuir
Y m'a étudié l'épiderme, prêt à m' bouffer comme un vampire
Et j' me suis dit "où y a d' la gêne, vas-y mon petit, y a pas d' plaisir"

Je sais pas trop, ces p'tites bêtes-là, si ça peut lire dans nos pensées
Mais j'ai à peine commis un pas qu'y s'est rué pour m'embrasser
Je l'ai giflé à dix reprises mais, le p'tit con, y restait là
Y m' visitait le d'ssous d' la ch'mise en bourdonnant comme un goujat

J'ai tout tenté pour qu'y lâche prise, y s'est caché sous ma brassière
J'étais condamnée au strip-tease, vivent les conseils de nos grand-mères !
J'ai fini nue, sur le trottoir, en face d'une terrasse de bistro
Pis lui est mort au bout d' son dard, le corps poilu contre ma peau

Quand on rencontre quoi qu' ce soit muni d'un dard, tout excité
Prêt à foncer, tout fou, tout droit, dans notre chaude intimité
Ben, j' vous dirais qu' c' est pas mal mieux de prendre ses jambes à son cou
De s' dépêcher d' quitter les lieux avant que ça nous pique partout
Si vous voyez c' que j' veux dire...

J'ai peut-être pas l'expérience de nos grand-mères, en général
Mais dans c' domaine-là, moi, je pense que j' m'y connais quand même pas mal
J'ai rencontré des tas d' bestioles, y m'ont piquée jusqu'à mes rêves
Plusieurs ont repris leur envol, m' laissant au lit avec une fièvre

J'ai bien voulu suivre à la lettre les bons conseils que j'ai reçus
Mais pour qu'un dard batte en retraite, c'est quoi l'idée d' faire la statue ?
Si nos grand-mères sont des soumises et qu'elles préfèrent se laisser faire
C'est p't'-être que sous leurs robes grises, y a plus qu' des mouches qui s'insèrent

Si vous voyez c' que j' veux dire...

. . .


Allez, rends-moi ma bicyclette
J'ai qu' ça pour m' balader !
Si tu m' la rends, on fera le tour du bloc
Allez, avant qu' mon père se choque
Maman dit qu' tu viens d'une famille de défavorisés
Et qu' c'est pour ça qu' tu débloques

Allez, rends-moi ma bicyclette
J'ai qu' ça pour aller vite !
Si tu m' l'as rends, j' te promets que je t'invite
Allez, j' vais pédaler debout
Maman dit que ta mère est gourde, que ton père est fou
Et que toi, t'es un voyou, mais

{Refrain:}
Rends-la-moi, rends-la-moi,
Fais mentir ma mère !
On ira, on ira
Jusqu'à la rivière
Moi devant, toi derrière,
On fera les plus grands de tous les nuages de poussière
Que font toutes les bécanes de la Terre

Allez, rends-moi ma bicyclette
J'ai qu' ça pour m'amuser !
Si tu me la rends, j' t'emmène au dépanneur
Allez, on bouffera d' la réglisse
Maman dit que t'es comme père et qu' ton père est voleur,
Elle va l' dire à la police.

{au Refrain}

Allez, rends-moi ma bicyclette
J'ai qu' ça qu' pour m'évader !
Si tu m' la rends, on s' verra en cachette
Au fond, moi, j' te trouverais correct
Et même si maman me répète
Qu'il faut que je t'évite,
J' ferai un écart de conduite

{au Refrain}

Rends-la moi, rends-la moi,
Fais mentir ma mère,
On ira, on ira
Jusqu'à la rivière,
Moi devant, toi derrière,
On fera les plus grands de tous les nuages

{au Refrain, x2}

Rends-moi ma bicyclette !

. . .


Je viens de la grande classe,
De la haute-couture
Ma mère a comme un masque
Cousu sur sa figure
Je cherche son regard
Y a plus que ça qui bouge
Elle r'ssemble a un canard
Au bec enflé, tout rouge

Je viens de cette femme
Qui va se faire refaire
Et qui plus elle s'acharne
Et plus elle dégénère
Et elle se couvre l'âge
À grands manteaux Chanel
À trop de maquillage
Pour tenter d'être belle

Je viens d'un luxe fou
Et de soirées qui dansent
Mon père a des gros sous
Que ma mère dépense
En coupes de champagne
Et en liposuccions
Je viens de cette femme
Comme en rénovation

Je viens d'un couple froid
D'un couple malheureux
Je viens de ce papa
Qui s' fait planter des ch'veux
Y r'ssemble à une poupée
Qu'on achète pas cher
Le crâne clairsemé
Y r'ssemble à ma grand-mère

Je viens de cette femme
Au décolleté profond
Qui dévoile des charmes
Qui valent un tas d' pognon
C'est bien évident qu'elle
S'habille à ras l' mamelon
Puisque ses chères mamelles
Jouissent d'augmentation

Elle va pas s' contenter
D'un seul homme qui les mate
Au prix qu'ils ont coûté
Aussi bien qu'on les tâte !
Je viens d'un homme jaloux
D'un homme qui se venge
D'un couple qui s'en fout
De c'est qui qui me change

Moi, je n'ai que deux ans
C't assez pour avoir honte
Assez pour être grand
Assez pour me rendre compte
Que mes parents sont fous
Et qu'ils sont pas fidèles
Que ma mère est pas belle
Et que papa bande mou

Je viens d'un mauvais coup
Et je suis dans la merde
Et c'est bien la nounou
Qui va me v'nir en aide
Je viens de la grande classe
J'y apprends la tristesse
J'envie les classes basses
Et les cours de tendresse

. . .


Tu ne verras plus l'hiver
Ni le sapin qui s'éclaire
Tu ne verras plus l'hiver
Ni le lac figé
Ni tes mitaines par terre
À côté du foyer
Y a que tes ch'veux
Comme de blonds flocons
Qui tomberont, qui tomberont

Tu ne verras plus l'hiver
Ni les avions ni la mer
Tu ne verras plus l'hiver
Les congés scolaires
Les matins de tempête
Les p'tits cœurs à la fête
Y a que tes yeux
Tes p'tits ruisseaux bleus
Qui gèleront, qui gèleront

J' te raconte des histoires
Que là-bas, c'est beau
Que là-haut, c'est la gloire
J' te raconte c' que j'ignore
Qu'à jamais, bientôt,
Tu pourras jouer dehors

T'as accroché tes patins
Tu n' verras plus les copains
Te voilà libre de faire
L'école buissonnière
Mais tu troquerais ton piège
Contre la première neige
Et tu rêves
Combattant ta fièvre
Qu'elle tombera, qu'elle tombera

J' te raconte c' que j'invente
Que le ciel est une patinoire géante
J' te raconte c' que t'espères
Qu' tu pourras manger
Des milliers de desserts
J' te promets comme ça
Qu'en arrivant là
Grand-papa te prendra dans ses bras
Mais qu'est-ce que j'en sais ?
Mais qu'est-ce que j'en sais, moi ?

Tu ne verras plus l'hiver
Y a que des filets déserts
II n'y a plus d'aréna
Y a qu' ce p'tit lit froid
Où l'arbitre à la con t'a mis en punition
J' te raconte la victoire
Où le p'tit Jésus
II est ton gardien d' but
Je te montre où est la sortie
J' te décris le monde où tu seras guéri

Désolée, mon p'tit,
J' peux plus t' voir souffrir
S'y faut qu' j' mente pour que tu veuilles partir
Je te dirai les plus beaux mensonges
J' en peux plus de c' mal qui te ronge

Non, c'est pas normal
Qu' tu partes avant moi
J' te raconte vraiment n'importe quoi
Et je vois ton sourire
Sur ta douleur éclore
Comme une fleur au grand Nord
Et j'ai le cœur qui s' déchire

Allez, mon soldat, écoute ta maman
T'as le droit de lever ton drapeau blanc
Tu s'ras le héros dans ta tenue blanche
Au grand match des étoiles des anges
J' te raconte des histoires
Moi, j' dis qu'ensemble on peut y croire
Tu n' seras plus jamais malade
T'auras d' la glace en d'ssous des lames
Garde-moi une place dans les estrades
Tu n'auras plus jamais de larmes

{ad lib:}
J' te raconte des histoires
Moi, j' dis qu'ensemble on peut y croire


. . .


J'ai fait mon lit
J'ai tiré les rideaux
Et j'ai presque souri
Tellement c'est beau
J'ai pas dormi longtemps
Enfin, pas comme il faut
J'ai des soucis, j'ai trop d' boulot
Et je souris malgré l' retard
J'ai fait mon lit malgré qu' ce soir
Je vais défaire le lit qu' j'ai fait
Et le refaire le jour d'après
Y a mon mari qui est là
Déjà debout, y vient à moi
Il me fait un bisou
J'entends déjà l' trousseau
Qui fait chanter les clés
Celle de l'auto
Celle de l'entrée
Il dit "à ce soir" tendrement
Et il embrasse les enfants
Et le voilà déjà parti
Et nous voilà déjà sans lui

{Refrain:}
On fait sa vie d' son mieux
On met d' l'amour en banque
On en retire un peu
Si la vie est clémente
Lorsque l'on devient vieux
Et que la vie qu'on a
Elle se défait comme ça
Comme se défont les draps
Lorsque la nuit s'abat

Faut pas s' poser d' questions
Croire au soleil qui brille
Sur l'horizon, sur la famille
Si on cherche à saisir
On va devenir fou
On pourrait s' dire
Qu' ça vaut pas l' coup
On fait son lit et puis c'est tout
Même si la nuit l' met sens d'ssus-d'ssous
On collectionne des heures, des jours
Des fleurs, des tonnes de mots d'amour

De mauvais jours viendront
Peut-être que mon époux
Ne me donnera plus mon bisou
Et j'entendrai l' trousseau
Qui f'ra chanter les clés
Celles de là-haut
Près du clocher
Et j'embrasserai les enfants
Les consolerai tendrement
De le savoir déjà parti
De nous savoir déjà sans lui

{au Refrain}

J'ai fait mon lit
J'ai passé le plumeau
Et j'ai presque souri
Tellement c' tait beau
Mais la poussière, je sais,
Retombera bientôt
Sur le buffet, sur les bibelots
Et je souris malgré qu' la vie
Ça tourne en rond, ça nous salit
Je vais défaire le lit qu' j'ai fait
Et le refaire le jour d'après



. . .


Je le reçois chez nous
Comme si de rien n'était
Et j'embrasse ses joues
Comme s'il le méritait
Je le traite comme si
Je n' savais rien du tout
Je cache mon mépris
Je masque mon dégoût
Puis je souffle à son lobe
"Donnez-moi votre manteau"
Et dans la garde-robe
J' le place comme il faut
Et je lui offre à boire
Comme à toute la famille
Je lui dis de s'asseoir
Comme pour être gentille

Alors il est bien là
Au cœur du réveillon
Avec maman, papa
Mes sœurs et leurs fistons
Et puis y a les cousines
Et puis y a les plus vieux
Et puis y a leurs copines
Et de lointains neveux
Et dire que des comme lui
Ailleurs on les punit
Ces faiseurs de délits
Ces défaiseurs de lits
Qui s'attaquent aux petits
Qui menacent les nôtres
Dès l'âge des Barbie
Dès l'âge des chaises hautes

Je suis là que j' l'accueille
Ce sale prédateur
J' m'assure d' l'avoir à l'œil
Chaque seconde de chaque heure
Et je n' suis jamais loin
Quand il part au p'tit coin
Je compte les gamins
Je surveille et je crains
D'avoir baissé les yeux
Juste le temps qu'une fillette
Se frappe au vieux monsieur
En allant aux toilettes
Et j'apprends à mon fils
À n' pas devenir proie
Et je fais la police
Mais je ne l'appelle pas

Je purge une sentence
De trente ans de silence
Depuis les confidences
De mon amie d'enfance
Qui m'a décrit mon oncle
Dans ses moments de rut
Elle tremblait de honte
Elle me répétait "Chut"
Elle m'a tant suppliée
De n' le dire à personne
Qu'alors moi j'ai juré
Et revoilà cet homme
Encore dans mon espace
Bien assis dans ma chaise
Personne ne sait c' qui s' passe
Ou ceux qui l' savent se taisent

Et dire qu'y a des comme lui
Que l'on jette en prison
Et qui s' prennent de jolies
Brutales corrections
Pourtant lui est ici
Dans ma propre maison
Et j' lui offre un whisky
Avec des p'tits glaçons
Et dire que des comme lui
Ailleurs on les punit
Ils passent menottés
Penauds à la télé
Et tout l' monde s'en réjouit
En ce soir de Noël
Et mon amie m'appelle
Et dès qu'y s'ra parti

J' la recevrai chez nous
Comme depuis tout l' temps
J'embrasserai ses joues
Elle le mérite tant
Il y a tant de comme elle
Toujours en thérapie
Il y a tant de comme lui
Qu'on n' voit pas aux nouvelles
Et moi, comme d'autres, moi
J'accepte sa visite
Il est un hors-la-loi
Je suis une hypocrite
Coincée entre un silence
Où sommeille ma famille
Et l'éternelle souffrance
De ma vieille amie d' fille

Il ressort de chez nous
Comme si de rien n'était
Tout souriant et tout saoul
Il a même pas d' regrets
Je masque mon dégoût
Et j'attends mon amie
Qui au départ du loup
Vient me rejoindre ici
Un peu comme une brebis
À p'tits pas dans la neige
Qui a peur, qui se protège
Encore de l'ennemi
Et dire que des comme lui
Y en a plein les maisons
Plein les messes de minuit
Et plein les réveillons

J'entends des p'tits chaussons
Qui glissent derrière moi
J' me r'tourne, y a mon garçon
Dans son p'tit pyjama
Y vient me dire bonne nuit
J' lui dis "tu dormais pas ?"
Et je vois mon amie
Avoir un grand coup d' froid
Et moi dans un frisson
Qui n'en finira plus
Je vois un p'tit camion
Que je n'avais pas vu
Dans sa main toute menue
Sur son cœur innocent
Ma promesse tenue, ma chère amie,
Je n' la tiens plus maintenant

. . .


Y paraîtrait qu' le père Noël
Y pourra pas v'nir nous voir c't' année
Y aurait une pénurie d' bébelles
Paraît qu' son usine est fermée
Y paraîtrait qu'une tourelle
De son château serait tombée
Suite à un tremblement de ciel
Et à un glissement de glacier

Y paraîtrait que le p'tit renne
Il a même plus son beau nez rouge
Depuis que le mercure bouge
Et qu'y fait chaud sur le domaine
Y paraîtrait que les lutins
Y sont forcés d'être au chômage
Paraît qu' les lettres des gamins
Elles font une sorte de naufrage

Y paraîtrait que le père Noël
Sans ses cadeaux il est fou d' rage
Paraît qu' son traîneau puis ses pelles
Sont remisés dans un garage
Paraît qu'il en veut en silence
À des millions d' parents pas sages
Qui s'amusent encore à leur âge
À remplir leurs camions d'essence

Et à cause d'eux, les enfants sages
Seront privés d' trains électriques
Qui auraient rendu Noël magique
Sans faire le moindre p'tit nuage
Paraît que tout l' pôle Nord a peur
De voir d' la suie sur l' paradis
De voir le vieux patron en sueur
Avec sa barbe qui jaunit

Y paraît qu' papa Noël
Pourra pas venir nous voir c't' année
Y tourne en rond et en bretelles
Et en sabbatique forcée
Paraîtrait qu' la tourelle est dure
À redresser, à reconstruire
Paraît qu' sous l' poids de la structure
Le sol de glace arrête pas d' fuir

Y paraîtrait qu' le père Noël
A gaspillé toute sa magie
Lui qui se croyait éternel
Comme la neige autour de lui
Le voilà qui appelle à l'aide
Il écrit des lettres aux enfants
Il leur avoue qu'il est souffrant
Il les supplie d' trouver un r'mède

Mais l' père Noël il est confiant
Et y paraîtrait qu'y promet
À tous les enfants qui l'aideraient
Non seulement le plus beau présent
Mais surtout, surtout un futur
Avec de beaux Noëls tout blancs
Et des cadeaux et de l'air pur
Et un nez rouge au firmament


. . .


Si j'étais optimiste
Je f'rais confiance à mon mari
Si j'étais optimiste
J' mangerais du steak haché pas cuit
Si j'étais optimiste
J' pens'rais que Bush est merveilleux
Que Ben Laden vivra pas vieux
Que si tout l' monde fait attention
Y aura bientôt plus d' pollution

Si j'étais optimiste
J' trouv'rais qu' les jeunes sont les meilleurs
Si j'étais optimiste
J' dirais qu' l'avenir est prometteur
Si j'étais optimiste
J' croirais ni au vol ni aux armes
J' dormirais sans système d'alarme
J' ferais du charcoal sur mon perron
J' pourrais prendre à jeun mon avion

Mais je suis pessimiste
Parce que j'ai peur qu' mon avion tombe
Parce que j'suis sûre qu' mon mari m' trompe
J'ai peur de Bush, j'ai peur des bombes
Des tsunamis qui avalent le monde
J'ai peur des fuites de gaz propane
Peur de mourir d'un hamburger
J'ai peur, toute seule dans ma cabane
D'être défoncée par des voleurs
Peur de r'trouver nos jeunes obèses
Pendus au fil de leur Xbox
En train d' suffoquer dans leur graisse
En convulsions et en détox

Si j'étais optimiste
J' signerais ma carte de donneur
Si j'étais optimiste
Je m'offrirais des reins au cœur
Si j'étais optimiste
Je f'rais confiance à la médecine
Et à l'hygiène en général
J' croirais à l'eau plus qu'à l'urine
Dans la piscine municipale

Mais je suis pessimiste
J'ai peur de faire un accident
De m' réveiller les grands yeux ronds
Face à des sadiques aux gants blancs
En train d' me prélever mes poumons
Et puis j'ai peur des hôpitaux
Des bactéries d' ses poignées de porte
Peur d'attraper si j' prends l' métro
Le virus d' la vieille qui toussote
Pis si j'ai pas les seins refaits
C'est même pas pour les bonnes raisons
C'est que j' suis convaincue qu' j'aurais
Les plus rares complications

Si j'étais optimiste
Je f'rais confiance aux journalistes
Si j'étais optimiste
Je s'rais ravie qu' le Net existe

Mais je suis pessimiste
J' suis sûre qu'y a des nerds qui déconnent
Y vont sûrement m' causer du trouble
Y vont m' filmer par téléphone
Puis y vont m' foutre sur YouTube
J'ai peur qu' la critique soit pas bonne
Qu'elle dise que je tourne en rond
Que mon talent d'auteure plafonne
Qu' c'est loin d'être ma meilleure chanson

Oui, si j'étais une optimiste
J' croquerais peut-être une andouillette
Paraît qu'y en a p't-être une sur dix
Qui a pas l'odeur de fond d' toilette
J' vivrais heureuse et puis tranquille
Auprès d' mon détenteur de dard
Paraît qu'y en a p't-être un sur mille
Qui a pas d' souliers verts dans l' placard
Est-ce du pessimisme
Ou est-ce de la lucidité ?
Si j'étais optimiste
Y m' semble qu'on m'aurait enfermée !


. . .


Y a un bébé qui pleure
J' me retourne et je vois
Sa pauvre maman qui meurt
De fatigue mais moi
J' le bercerais des heures
Et elle pourrait dormir
Sa maman sans couleurs
Sa maman sans sourire

Y a un bébé qui crie
Et sa mère en peut plus
Aucun biberon n' suffit
Et son cri continue
Comme une espèce d'alarme
Que je saurais stopper
En prenant le bébé
À sa maman en larmes

Y a un bébé qui pleure
Derrière moi dans l'avion
Et j'entends des râleurs
Se plaindre du poupon
Et sa maman s'excuse
Et voudrait disparaître
Pendant que le cri fuse
Au-d'ssus de la planète

Et moi, si j'étais pas
Si timide, j'irais
Le serrer dans mes bras
Peut-être que j'arriverais
Avec ma solitude
À calmer ses orages
Avec ma plénitude
Et avec mon vieil âge

J'en ai tellement bercé
Des bébés sur mes côtes
Oui, j'ai tant consolé
De ces bébés des autres
J'ai juste la bonne chaleur
Et juste les bons gestes
J' les serre sur mon cœur
Et les sanglots s'arrêtent

J'ai juste la bonne voix
La bonne respiration
Pour ronronner tout bas
La petite chanson
Qui ferme les paupières
Après quelques torrents
J'ai juste la bonne manière
Mais je n'ai pas d'enfant

Y a un bébé qui gronde
Et j'ai l'âme qui explose
J' le prendrais dans mon monde
Pour qu' sa maman s' repose
J' mettrais sa tête blonde
Dans le creux de mon cou
Sa douce tête ronde
Et je tendrais la joue

Un peu comme dans l'espoir
Qu'il me souffle un bisou
Un peu comme pour avoir
Un petit avant-goût
De c' que ma pauvre chair
Ne m'a jamais donné
Malgré toutes mes prières
Juste un petit bébé

Y a un bébé qui pleure
Ça m' retourne quand je vois
Sa maman sans couleurs
Oui, oui, sa maman sans joie
Alors qu'à mon bonheur
À jamais y manquera
Un p'tit bébé en pleurs
Enveloppé dans mes bras

Y a un bébé qui crie
Si j' pouvais, j' m'approcherais
Pour que dans toute ma vie
Y crie à tout jamais
Ou au moins pour que si
Sa mère était d'accord
Je puisse le serrer fort
Jusqu'à l'aéroport

Le temps qu' sa maman dorme
Puis qu'enfin elle sourie
Qu'elle se remette en forme
Avant que son petit
Me quitte avec les fleurs
De mon parfum sur lui
J' lui donnerais pas la vie
Mais une partie d' mon cœur !

La la la...


. . .


J'ai pas bougé depuis tes doigts sur moi
J'ai pas encore voulu tout laisser tomber
Bien sûr, maintenant, j'ai mon chez-moi
T'as ton chez-toi
Bien sûr, ça fait des mois, ça fait des années

J'ai pas bougé depuis tes doigts sur moi
J'ai pas encore voulu signer les papiers
Il n'y a plus de passion mais y a comme un cordon
Qu' j'ai pas encore voulu couper

Parfois, je passe devant ta maison
Parfois, y a mon regard qui s'attarde un peu
Et l'autre jour, j'ai vu traîner sur ton balcon
Par terre, comme un oubli, un p'tit foulard bleu

Parfois, y a des voitures qui ont passé la nuit
Dans l'entrée de ton cœur, au coin de ta vie
C'est pas d' la jalousie quand mon cœur fait des bonds
C'est qu' j'ai trop d'imagination

{Refrain:}
Souvent, j'ai tendance
À me souv'nir des bons moments
Nos fous rires et la naissance des enfants
Bien sûr, j'y pense encore
On s'est aimés si fort

J'ai pas bougé depuis tes doigts sur moi
J'ai pas encore voulu tout laisser tomber
Pourtant je sais que j'ai vraiment beaucoup moins froid
Depuis que j'ai fait le choix de m'en aller

Nos mots d'amour étaient devenus des insultes
Et nos caresses une sorte d'agression
Notre amour n'a pas su devenir adulte
Mais nous, on a des rides au front

Parfois, les enfants viennent et me consolent
Alors que je sais même pas pourquoi je pleure
Ils me chassent la peine et puis elle s'envole
Pour quelques jours ou enfin pour quelques heures

Parfois, j' me dis qu' ça a rien à voir avec toi
Si j' reste au lit jusqu'au bout de mes matins
Si les journées s'allongent jusqu'aux lendemains
Sans que je n' rêve à quoi que ce soit

{au Refrain}

Parfois, j' nous vois en plein milieu d' vieillesse
Ce lieu où y a des gens qui r'tombent en enfance
J' nous vois nous préparer des plats d' tendresse
J' nous vois nous reconstruire un début d' romance

Sinon j' me dis qu'y faudrait que j' sorte un peu
Que j' fasse les yeux doux à un bon monsieur
Et que je bouge un peu, que je bouge enfin
Oui, sous d'autres doigts que tes tiens

Et que je bouge un peu, que je bouge enfin
Oui, sous d'autres doigts que les tiens

. . .


Y en a toujours un plus coincé qu' ses compères
Un moins souriant, plus zélé, plus sévère
Y en a toujours un que l' pouvoir, y s'en sert
Pour faire chier les gens, pour l' plaisir de déplaire

Y en a toujours un, tous métiers confondus
Un moins conciliant pour une p'tite permission
Y en a toujours un plus serré du p'tit cul
Qui s' veut important, qui veut jouer au patron

Toujours un, quand on pose une question
C'est jamais oui, c'est radicalement non
Toujours un, et parfois c'est celui
Qui érige nos lois, dirige nos pays

Toujours un, à l'école ou ailleurs
Un p'tit malin, un parfait du "par cœur"
Toujours un qui a pas l'air d' nous aimer
Qui veut bien qu'on lui lèche les pieds

Y en a toujours un plus vilain, plus coriace
Même si on fait rien, le crétin, y menace
Qu'y soit douanier ou chef de cabine
Ou bien flic, on en trouve toujours un qui s'obstine

Un prof à qui on d'mande d'aller aux toilettes
Qui nous dit d'attendre en espérant qu' ça coule
Devant les copains qui vont s' payer not' tête
Pour le restant de nos vies, c'est pas cool, c'est pas cool !

Toujours un, quand on pose une question
C'est jamais oui, c'est radicalement non
Toujours un, et parfois c'est celui
Qui érige nos lois, dirige nos pays

Toujours un, à l'école ou ailleurs
Un p'tit malin, un parfait du "par cœur"
Toujours un qui a pas l'air d' nous aimer
Qui attend rien qu'on lui lèche les pieds

Y en a toujours un plus borné, plus raciste
Un qui nous poursuit même quand y décède
Qu'on s' sent obligé d'assister au service
D'embrasser sa femme qui est moins triste que laide

Y en a toujours un qui appelle la police
Dès qu'on touche à un petit ch'veu d' sa haie d' cèdres
Toujours une vendeuse ou une réceptionniste
Qui pousse un soupir quand on lui d'mande de l'aide

Toujours un champion d'équitation
À cheval sur ses petits principes
Toujours un qui passe pas le ballon
Un p'tit con qui joue pas pour l'équipe

Heureusement qu'en fouillant les foules
Y a bien moins de cons que de cools !
Heureusement qu'y en a qui ont des couilles
Du jugement et d' sacrées bonnes bouilles !

Ceux qui vont nous dire que l'on a du talent
Qu'on a de l'avenir, heureusement qu'y a les grands
Les vrais messieurs qui se prennent pas pour des rois
Qui s' prennent pour eux et on les aime pour ça

Par chance qu'y a tous ceux qui nous font des sourires
Quand on frappe un creux mais qu'on pourrait faire pire
Ceux qui tendent la main sans rien attendre en r'tour
Par chance y a les potes et par chance, par chance, par chance

Qu'y a l'amour ! Oui l'amour !
Par chance, par chance
Qu'y a l'amour ! Oui l'amour !
Par chance, par chance, par chance
Qu'y a l'amour ! L'amour
Par chance, par chance, par chance
Qu'y a l'amour ! Oui l'amour !
Par chance, par chance, par chance
Qu'y a l'amour ! Oui l'amour !


. . .


Je suis si vieux
J'étais si p'tit
Tout juste hier
J'étais nerveux
Je suis parti
C'était la guerre
J'ai fait le vœu
De revenir
En bon état
J' suis rev'nu vieux
Sans avenir
Et sans éclat

Ceux des obus
Ne m'ont pas eu
Je suis ici
J'ai survécu
Je suis rev'nu
En bonne partie
Je traîne mon âme
Qui n'est jamais
Sortie des flammes
J'effraie les dames
Je suis plus laid
Que mes secrets

Je plante ma canne
Dans les chemins
Et j' me revois
Planter mes armes
Dans des gamins
Qui étaient comme moi
Que des enfants
Pas assez grands
Déjà soldats
Que des garçons
Que d' l'innocente
Chair à canon

Je marche seul
Et je me butte
À des voyous
Je les engueule
Ces fils de pute
Je suis jaloux
D' leur ignorance
Qu'ils me brandissent
Comme un drapeau
D' leur insolence
Alors que moi
J' risquais ma peau

Pour ce pays
Que de mon mieux
J'ai défendu
Avec ma vie
Qui n'est pas bien
Mieux que perdue
Je suis un fou
En liberté
Un solitaire
Je survis saoul
Le cœur noyé
Au fond d'une bière

C'est tous les jours
Le même projet
Le même parcours
J'invite ma peine
Et mes regrets
À la taverne
D'où je ressors
En bafouillant
Ma confusion
Comme un homme mort
Mais plus vivant
Qu' ses compagnons

C'est toutes les nuits
Les mêmes chagrins
Les mêmes cauchemars
J' vois mes amis
Mais y a plus rien
Dans leur regard
Faut pas rester
Y faut s' couvrir
Faut qu'on s'en aille
Y faut s' sauver
Y faut courir
Jusqu'aux médailles

Je suis rev'nu
En un morceau
Moi, le héros
Je suis rev'nu
Sous les bravos
Serrer des mains
L'air égaré
Mais décoré
Comme un sapin
Y avait une fête
Mais dans ma tête
Y avait plus rien

Que ces souvenirs
De comportements
Inhumains
Qu'en pleine horreur
Et en pleine peur
Nous empruntions
Nous les garçons
Nous les soldats
Nous les gamins
Au cœur du crime
Autant victimes
Qu'assassins !

. . .


Il a fallu que j' tombe
Pour me sentir debout
Il a fallu que j' plonge
Pour ne pas m' briser l' cou
Il a fallu qu' j'arrête de courir

Presque fallu mourir
Pour me sentir renaître
Fallu me reconnaître
Pour ne pas me haïr
Il a fallu qu' j'arrête de m'enfuir

J' mettais ça sur le dos du travail
J' mettais ça sur le dos de l'ennui
Je te tournais le dos et j'attendais tes bras
Que tu ne tendais pas et je t'en voulais trop
Alors que c'était moi qui avais oublié
Que la vie c'est plus court
Que la course au bonheur
La vie c'est quelques jours
La vie c'est quelques heures
Et la fin du parcours me fait peur

Il a fallu qu' je sombre
Pour ne pas me noyer
La vie c'est une seconde
Déjà presque écoulée
Quand j' m'en suis rendu compte
J' t'ai cherché

J' mettais tout sur le dos du travail
J' mettais tout sur le dos de l'ennui
Je te tournais le dos, et j'attendais tes bras
Que tu ne tendais pas et je t'en voulais trop
Alors que c'était moi qui avais oublié
Qu' y faut pas trop attendre
Avant d' se faire plaisir
Tout ce que l'on demande
Faut savoir se l'offrir
Il a fallu qu' j'arrête de courir

Il a fallu qu' j' m'assoie
Pour me sentir plus grande
Que je regarde en moi
Pour enfin te comprendre
Il a fallu qu' j'arrête de pleurer

Alors que c'était moi
Alors que c'était moi
Qui t'avais oublié
Qui m'étais oubliée

. . .


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